Annette n’eut pas le temps de penser à son propre chagrin. La peine de Franz prit tout. Elle était effrénée. Il fallait se consacrer à elle, ou la fuir. Elle l’accapara.
Dans les premières heures, les manifestations de cette douleur sans mesure gênèrent les assistants. Il n’en surveillait point l’expression, comme doit faire un deuil bien élevé. C’était un désespoir d’enfant, ou d’amant. Il ne voulait point se séparer du corps du bien-aimé. Et son amour parlait tout haut, comme sa détresse. La famille de Germain était scandalisée. Afin de mettre fin à ces exagérations, et d’éviter, surtout, le « qu’en dira-t-on ? », on prit soin d’écarter Franz de la maison ; et on le mit sous la garde d’Annette, pendant qu’on célébrait, à la petite église du pays, la cérémonie funèbre, avant de conduire le corps au fourgon du chemin de fer, qui devait l’emporter à la terre natale.