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bien amusés ; il lui fit compliment pour sa belle mine et ses couleurs, pour ce sang riche qui lui courait sous la peau. Et il semblait le lui reprocher.

Elle ne répliqua point. Elle comprenait. Elle s’excusa humblement :

— Mon ami, pardonnez !

Il eut honte. D’une voix plus calme, il lui demanda les nouvelles de la journée. Elle les lui dit. Elles étaient sombres. Loin de s’épuiser, après quatre ans, la guerre reprenait de nouvelles forces. La menace d’une offensive monstrueuse pesait sur la France, pour le printemps. Ils parlèrent du demain tragique. Germain projetait sur le monde son agonie. Il lui semblait que l’évolution humaine avait été la réussite passagère, due à un prodigieux coup de reins et à un hasard exceptionnel, d’une brusque « Variation » géniale et anormale (deux mots presque identiques) qui, ne se maintiendrait point. Toutes les conquêtes du génie, tous les progrès de l’homme, étaient le laurier sanglant, pour ses victoires à la Pyrrhus. Mais aujourd’hui, il était au terme de son épopée ; la courbe ascendante s’achevait, et le Titan dégringolait dans le gouffre, épuisé par son effort à se