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Je ne sais pas ce que c’est que sain ou malsain. Mais je sais que je l’aime, et que c’est bon, et que ce ne peut être mauvais. Je l’aime uniquement, et je n’aime personne autre… Je n’aime pas les femmes. Je ne les ai jamais aimées… Oui, j’aime à les regarder, quand elles sont réussies, comme des objets bien faits. Mais il y a toujours en elles quelque chose qui me repousse. Aussi, un peu d’attrait, mêlé à du dégoût. Elles sont d’une autre espèce. Je ne serais pas étonné si, comme chez les insectes, elles dévoraient le mâle, après l’avoir vidé. Je n’aime pas à les toucher… Vous riez ? Qu’est-ce que j’ai dit ?… Ah ! pardon, j’oubliais… (il lui tenait le bras). Vous, vous n’êtes pas une femme.

— Qu’est-ce que je suis ?

— Vous êtes vous.

— (Tu veux dire, pensait Annette, que je suis toi, que je suis à toi, je ne compte pas… Va, petit égoïste !…)

Franz réfléchissait :

— C’est curieux, depuis que je vous connais, je ne pense pas que vous êtes une femme.

— Le compliment est douteux. Mais merci tout de même, après ce que vous venez de dire !