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Après des semaines d’attente et de souci solitaire — (ils n’aidaient plus touché à ce sujet d’entretien ; mais chacun y pensait, et chacun, à la dérobée, observait le visage de l’autre ; et l’oreille anxieuse d’Annette guettait les vibrations de l’air, le ronflement d’avion de l’heure meurtrière qui viendrait lui enlever son enfant) — un matin, le canon de la Ville tonna, et une clameur monta de la rue, comme une marée. Avant même de savoir, bondirent les deux cœurs. Et Sylvie, hors d’haleine, entra, criant :

— L’armistice est signé !

Ils s’étreignirent.

Mais Annette, se dégageant, se détourna, et la face dans les mains, cacha son émotion.

Les deux autres, respectant le voile dont elle se recouvrait, ne firent pas un geste pour le relever ; ils attendirent en silence que son trouble fût