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— Tu ne le pourras pas. Tu ne serais pas sincère.

— Eh bien, je mentirai !

— Tu ne le pourras pas. Et moi, je ne le veux pas.

Il regarda sa mère, il s’arrêta, puis… (sa voix tremblait) :

— Vois-tu, il y a deux choses, maman, que je ne voudrais pas : c’est n’être pas sincère, et c’est n’être pas brave… Peut-être…

(il hésita)

— …Peut-être parce que je ne suis pas brave, et parce que je mens…

Annette lui prit le visage entre ses mains :

— Tu mens ?

Il ferma les yeux, et dit, à voix basse :

— Oui. Car, au fond de moi, j’ai peur…

Annette le serra dans ses bras. Il se laissa faire, sans mouvement. Ils restèrent, la joue du fils appuyée contre le sein de la mère. Ils se sentaient, dans leur faiblesse, chacun, fort de la faiblesse de l’autre.

Marc se dégagea, et dit à Annette :

— Tu as beau faire, toi, tu ne mens pas !

— Je suis une trompeuse de moi.

— Tu ne te trompes pas. Tu es trompée.