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bien-être sordide et de mortel ennui, fardé d’idéalismes écœurants : fadeur, hypocrisie ! — (votre pacifisme d’alors, votre humanitarisme !) — atrophiait la nature, nous tuait la joie de vivre, cet instinct puissant et sain et saint… Sanctus… Nous avons cru que la ceinture maudite allait craquer… Malheureux ! Malheureux !… On ne nous offrait, comme délivrance, que la guerre immonde, où nous engouffrer dans la souffrance et dans la mort, ignobles et inutiles !… Et la ceinture s’est resserrée, et notre jeunesse est enchaînée, debout, ployée, dans une cage de La Balue !… Il faut briser, briser l’ordre mort et meurtrier, l’ordre contre nature, l’ordre plus faux que le désordre. Il faut briser, pour refaire l’ordre plus haut, plus vaste, à la mesure des hommes qui viennent, qui sont venus, — des hommes : nous ! De l’air ! Plus d’air ! Élargissons le bien et le mal ! Ils ont grandi avec nous…

— Où les vois-tu, ces hommes ? Je ne vois, près de moi, que mon grand enfant. Et j’ai peur pour lui. Pourquoi l’ai-je fait vivre, en cette dure époque ?

— Ne le regrette pas ! Ne me plains pas ! C’est la rafale. Vive le vent ! Et vive toi, qui m’as fait mes poumons et mes ailes !… Te souviens-tu de