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Tous les devoirs sociaux, qui varient en se niant, comptent peu, à mes yeux, auprès des affections sacrées, — amour, maternité, — immuables, éternelles. Qui les blesse me blesse. Je suis prête à les défendre, partout où elles sont menacées. Mais je ne vais pas plus loin.

— Eh bien ! je vais plus loin, moi ! Quand le devoir social est devenu blessant pour les sentiments naturels, il faut lui substituer un autre devoir social, plus large et plus humain. L’heure est mûre. Toute la société, toute sa morale de code et de catéchisme doit être refaite : elle le sera. Tout mon être l’exige : notre raison, nos passions, protestent contre l’oppressive erreur d’un Contrat Social, aujourd’hui périmé. Telles de ces grandes forces qui remuent le cœur des hommes et que les lois condamnent, ne sont une souffrance, et quelquefois un crime, que par l’inhumanité des lois et du système qui imposent à la nature un cadre devenu un brodequin de torture. Si des milliers de jeunes gens ont accueilli la guerre, comme une délivrance, si mon cœur, à sa vue, a bondi sauvagement, c’était que nous espérions qu’elle dégagerait nos membres. L’étranglante ceinture d’un ordre de pensées et de conventions désuets, de