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être que le passé commande l’avenir. Peut-être que l’avenir commande le passé. Qui nous éclairera ? … Souvent, dans l’isolement de pensée où je vivais, quand je sentais brusquement m’envahir la certitude, je me disais : — « Comment serait-elle venue, si ce n’était que le vainqueur (le dieu à venir) est en moi ! » — Mais ensuite, quand je voyais les autres hommes, les peuples, tous remplis également de certitudes, autres et opposées, ces folles fois de la patrie ou de la religion, de l’art ou de la science, de l’ordre ou de la liberté, et jusque de l’amour, où s’épuise la vie aveugle et forcenée, comment aurais-je la vanité de me dire, têtue : — « Ma certitude, seule, est la bonne » ?

— Ma certitude, seule, est la mienne. Je n’en ai pas deux.

— J’ai toutes celles de ceux que j’aime. Et c’est là ma certitude, de les aimer.

— En aimes-tu donc tant ? En est-il tant à aimer ?

— Aimer ou plaindre. C’est le même.

— Je ne veux pas être plaint. Je veux d’un autre amour, d’un amour qui choisisse, d’un amour qui préfère.