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— Maman, tu renies ta vie… Crois-tu que je ne sache pas tes révoltes, tes luttes, ton incapacité de subir l’injustice pour toi et pour les autres ? Ma grande désobéissante !… Si tu ne l’avais été, je ne t’aimerais pas tant !…

— Non, ne prends pas exemple sur moi ! Ah ! c’est ma punition !… Ce n’est pas équitable… Je te l’ai dit, tu le sais, j’ai vécu en aveugle, je n’avais pour me diriger que ce sentiment inné, ces passions de femme, un cœur trop exalté, qui sursaute dans la nuit, au moindre attouchement… Un homme — l’homme que j’ai fait — ne doit pas se modeler sur une femme. Il peut, lui, donc il doit se dégager de la trouble nature, il doit voir et plus clair et plus loin.

— Attends ! Nous y viendrons, tout à l’heure. Quand nous y serons arrivés, tu me demanderas peut-être de retourner en arrière. Pour l’instant, dis-moi si tu renies tes « désobéissances » ?

— Chacune fut une défaite.

— Mais chaque défaite fut (avoue !) une délivrance.

— Ah ! je n’ai fait que changer de chaînes, en me meurtrissant. Elles sont innombrables.