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— Frère, cela ne veut rien dire ! Je suis frère de ce chien, qui fouille, dans la rue, ce tas de détritus. Mais qu’y a-t-il de commun entre lui et moi •

— La vie.

— Oui, ce qui meurt. Ce n’est pas assez.

— Qu’y a-t-il, en dehors ?

— Tu me le demandes, toi qui l’as ? Il y a ce que la vie ni la mort ne peut mordre : le grain d’éternité.

— Mais où est-il, ce grain ? Je ne connais, hélas ! rien d’éternel en moi.

— Mais tout ce que tu fais, mais tout ce que tu es, tu ne le ferais pas, tu ne le serais pas, s’il n’était en toi.

— Tu es trop savant pour moi, mon enfant. Je fais ce que je sens. Je le fais honnêtement, et je me trompe souvent. Mais j’avoue qu’à mon âge, je ne le comprends pas encore. Et je n’ai peut-être pas besoin de le comprendre.

— Mais moi, j’ai besoin de le comprendre. J’ai besoin de voir où je vais, pour aller où je veux.

— Pour vouloir où tu vas…

— N’importe ! Je veux voir.