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— mon cœur, de honte et de douleur, s’est soulevé !

— Quand j’ai vu, dit Marc, cette guerre ignoble qui cache son mufle, cette troupe de masques, cette chienlit du Droit rapace, qui, derrière le dos, filoute le monde dans les poches, cet esclavage atroce qui s’imagine qu’il nous donne le change, en se gargarisant du mot éventé de Liberté, cet héroïsme tartuffe, — je leur ris au nez !

— Ne les provoque pas ! dit Annette. Ils sont le nombre.

— Justement ! Le plus lâche des tyrans est un million de lâches, ensemble.

— Ils ne savent pas ce qu’ils font.

— Jusqu’à ce qu’ils l’aient appris, qu’on les remette à la chaîne !

— Tu es trop dur, mon enfant. Il faut avoir pitié. À la chaîne, ils y sont ! Ils y ont toujours été. C’est la grande duperie de la démocratie. On leur dit, et ils croient qu’ils sont le Peuple Souverain ; et l’on dispose d’eux, comme de bêtes à l’encan.

— De la Bêtise Souveraine, je ne puis avoir pitié.

— Le plus bête est mon frère.