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Il lui sourit, et dit :

— C’est étrange ! Ni l’un ni l’autre, avant la guerre, nous n’étions pacifistes.

— Jette ce mot ! dit Annette.

— C’est vrai. Ils l’ont déshonoré. Tous ceux qui l’avaient dans la bouche, avant, l’ont renié.

— S’ils avaient eu seulement la franchise de le renier ! Mais en le trahissant, ils continuent de s’en affubler.

— Qu’ils le gardent ! dit Marc… Mais nous, qui renions la guerre, nous n’étions pas contre elle. Je me souviens, au début, elle me réjouissait. Et toi, tu l’acceptais. Qu’est-ce qui nous a changés ?

— Sa lâcheté, dit Annette.

— Son mensonge, dit Marc.

— Quand j’ai vu, dit Annette, ce mépris des faibles, des désarmés, des prisonniers, de la souffrance humaine, des sentiments sacrés, ces bas instincts exploités, cette oppression des consciences, cette poltronnerie devant l’opinion, ces moutons que l’on maquille en héros et qui le deviennent par moutonnerie, ces bonnes gens qu’on force à tuer, cette masse débile qui s’ignore et se laisse mener par une poignée de dévoyés,