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de soi, Annette se laissa arracher par sa sœur le secret de son tourment. Sylvie sut que Marc était parti pour retrouver son père. Elle ne voulait plus se souvenir que c’était elle qui avait été l’intermédiaire. Elle trouvait Annette stupide d’avoir tout révélé à son fils. Mais il eût été déplacé de la rudoyer, à cette heure ; son irritation se tourna contre Marc. Pas plus qu’Annette, elle ne doutait maintenant que le petit ne les abandonnât. Elle le savait égoïste, vaniteux, prompt à sacrifier les autres à son plaisir. Elle ne l’en aimait pas moins. Elle ne l’en aimait que plus. Elle se reconnaissait en lui. C’est pourquoi elle ne lui pardonnait pas. Elle ne lui pardonnerait jamais, s’il les abandonnait. Si ?… C’était chose faite ! Pour qu’il tardât ainsi, n’était-il pas évident qu’il restait chez Brissot, qu’il dînait avec lui ? Elle n’admettait aucune excuse, aucune possibilité contraire. Elle était plus injuste, à elle seule, qu’Annette et Marc ensemble.

Son animosité se laissait voir, à chacun de ses regards, à chaque mot qu’elle disait, maintenant qu’il était là. Marc, peu patient, se hérissait, hostile, contre cette hostilité. — Mais Annette, très humble, ne songeait qu’à se faire pardonner.