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d’âge qui séparait leurs pas était devenue infime. L’un était de la génération des morts, et l’autre des vivants. Sans révolte, glacé, Germain acceptait, comme un fait sans réplique, que ce fût à lui, l’aîné, l’homme de l’au delà, de consoler celui de l’en deçà… Dieu ! comme ils étaient loin !…

Franz sanglotait maintenant, Germain dit aux deux femmes, qu’il avait écartées d’abord, d’un geste impatient, et qui se tenaient dans l’ombre, à l’entrée du balcon :

— Vous voyez bien qu’il souffre !… Emportez-le !

Annette entraîna Franz, au fond de la chambre ; elle le fit asseoir, elle lui chuchota des consolations, des reproches maternels. Il essuya ses larmes, eut honte, et s’apaisa.

Retombé sur l’oreiller, le dos tourné à la chambre, le regard mort, la vie tarie, Germain fixait la face terrible des montagnes désolées ; et il n’écoutait pas sa mère qui lui parlait.