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état, où l’on n’est plus très maître de ce qu’on doit dire ou taire. Elle le fit parler. Brissot s’attendrit. Il la questionna avec avidité sur Annette, et sur Marc. Sans cacher pour celle-là une rancune, trop vive pour ne pas déceler, aux yeux de la commère qui acquiesçait, un dépit, un regret, il manifesta pour l’enfant un intérêt affamé. Il s’enquit de sa santé, de son travail, de ses succès, et de ses moyens de vie. Sylvie vanta son neveu, dont elle était fière. La fibre paternelle en fut encore exaltée. Brissot confia à Sylvie la joie qu’il aurait à voir son fils, à l’avoir près de lui, avec lui ; et il dit son désir d’en assurer l’avenir. Sylvie le redit, le lendemain, à sa sœur. Annette blêmit. Elle enjoignit à Sylvie de n’en point parler à Marc. Sylvie n’avait pas la moindre envie d’en parler ; elle était aussi jalouse de Marc que sa sœur, elle ne voulait point s’en dessaisir. Mais elle ne s’en faisait pas accroire sur ses vrais sentiments. Elle dit :

— Tu penses, si je vais aller le lui raconter ! Il n’aurait qu’à nous « plaquer »… !

Annette s’emporta. Elle ne voulait pas admettre qu’elle « fraudât » le petit. (Sylvie dit crûment le mot, en riant… — « Eh bien, quoi ? Chacun