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Son esprit était rempli des émotions qn’il allait ressentir.

Annette essaya vainement de l’en distraire. Pendant le trajet, il ne voyait rien, il écoutait de travers. Elle eut tout loisir pour le contempler. Il ne vivait plus que dans une pensée : attente et hâte, bonheur et crainte. Devant lui, non pas Annette, mais Germain. Chaque tour de roue l’en rapprochait. Annette voyait ses lèvres qui remuaient, pour parler à l’ami qui venait.

Quand ils furent à Château-d’Œx, elle le pria de ralentir le pas ; elle le devança au chalet Chavannes, afin de préparer Germain.

Le malade, averti, était allongé tout vêtu sur la chaise-longue du balcon. Sa mère, près de lui. Il avait voulu se lever, mais n’avait pu tenir debout. Depuis quatre mois qu’Annette l’avait quitté, le changement était terrible. Annette fut saisie du ravage ; et si vite qu’elle le cachât, son premier regard l’avait montré.

Quand il vit entrer Annette, il fit un mouvement pour venir au devant : il reconnut l’impossibilité, il se résigna. Annette lui parlait ; il la regardait comme on regarde un écran qui cache celui qu’on veut voir ; et il fronçait le sourcil.