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Pourquoi cette cruauté dans le cœur des jeunes gens ? — Une fois dans sa chambre, seul, Marc en eut conscience ; mais il la savoura. Il savait qu’il faisait saigner un être qui l’aimait — qu’il aimait ; — et il n’était pas sans remords. Mais l’âcreté du remords ajoutait à la jouissance. Il se vengeait. De quoi ?… De ce qu’elle lui avait fait tort ? Ou de ce qu’elle l’aimait ? Si elle l’eût moins aimé, il se fût moins vengé. Il ne se fût point vengé, s’il ne l’eût point aimée. Elle lui était livrée sans défense. Il abusait. Et l’excuse de l’abus, sa jouissance inavouée, c’est qu’on se dit qu’on est maître, quand on veut, de cesser le jeu. Mais, une fois commencé, combien n’ont pu s’y arracher !

Annette souffrait… Elle l’avait trop aimé. Oui. Trop égoïstement… Comment aimer sans égoïsme ?

— Cet être, je l’ai fait de moi. Il est moi. Com-