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restés vivants, à cette heure de la nuit, pas un ne dort. Leur fièvre, leur douleur, leur hantise, les dévorent…

Eux seuls, le fils et la mère, surnageaient sur la crête des âmes incendiées. Quelques mots leur montrèrent qu’ils y songeaient tous deux. Ils évitèrent d’en parler ; mais ils se prirent les mains comme par peur de se perdre. Ils se sauvaient ensemble, dans l’incendie du Borgo

Elle revint à son rôle de mère. Elle dit à son petit Énée :

— Maintenant, recouche-toi ! Mon petit, ce n’est pas raisonnable. Tu vas tomber malade.

Mais il secoua la tête, obstiné :

— Tu m’as veillé assez longtemps. C’est mon tour.

L’aube vint. Il s’était endormi, assis, la tête appuyée contre les draps. Elle se leva, elle retendit, sur son lit ; il ne se réveilla point. Et, dans le fauteuil, près de la fenêtre, elle attendit le jour.