Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

tait, dominait Annette. Les lettres suivantes montraient le même esprit violent. Il ne se décidait point à livrer ce qui lui pesait le plus. À chaque lettre, il disait :

— « Sera-ce pour cette fois ? — Non, je ne peux pas encore. Décidément, je ne peux pas ! J’ai besoin d’oublier que tu es une femme. Mon ami… Veux-tu l’être ? Peux-tu l’être ?… Tu es une femme, quand même ; et je me méfie des femmes. Je ne les estime pas beaucoup. Pardon ! Pour toi, c’est différent. Pas depuis longtemps ! Jusqu’à l’année passée, je te jugeais comme les autres. J’avais de l’affection pour toi (je ne te l’ai pas montrée) ; mais je n’avais pas confiance. Maintenant, c’est changé. Il y a beaucoup de choses changées, beaucoup de choses que j’ai vues, que j’ai apprises, que je crois avoir devinées. De toi, de moi, des autres… Vois-tu, j’ai beaucoup appris… trop !… Et dans le tas, des choses qui ne sont point belles, et qui m’ont fait du mal. Mais je me dis que c’est mieux que je les sache, puisque c’est vrai. Le monde est laid. Je n’estime pas les femmes. Je méprise les hommes. Et moi, je me méprise. Mais toi, je te respecte. J’ai appris à te