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m’humilie. Je ne veux pas qu’on me trompe. Je ne t’aime point parce que tu es bonne. Je ne sais pas si tu es bonne. Je t’aime parce que tu es franche… Ne me réponds pas ! Quoi que tu penses de moi, il faut que je t’écrive. Même si ma mère n’est pas mon amie, j’écris à mon amie, je n’écris pas à ma mère. Il faut que je me confie. Je me pèse… Je suis trop seul. Je suis trop lourd ! Aide-moi ! Je sais que tu aides d’autres. Tu peux bien m’aider aussi ! En m’écoutant seulement. Je ne te demande pas de réponse… J’ai beaucoup à te dire. Je ne suis plus celui que j’étais. Depuis un an, j’ai changé, j’ai changé… En commençant cette lettre, je voulais te raconter ce que j’ai fait, depuis un an, et ce qui m’a changé. Mais je n’ose plus maintenant ; il y a trop de choses honteuses. J’ai peur de t’éloigner encore ; et tu es déjà assez loin ! Il faudra pourtant que je te dise tout, un jour, même si tu me méprises. Je me mépriserais encore plus, si je ne te le disais pas. Je te le dirai. Plus tard. Un autre jour. Aujourd’hui c’est assez. Aujourd’hui, je t’ai assez donné. — Je t’embrasse, mon amie. »

Ce ton d’amour impérieux étreignait, inquié-