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Sylvie savait à quoi s’en tenir. Elle continua :

— Mais ton petit soupirant qui, pendant ton absence, t’écrivait, chaque jour…

Annette n’entendit plus le reste de la conversation… Il lui avait écrit, chaque jour ! Elle n’avait pas songé à réclamer ces lettres, qui étaient restées là-bas !… Oui, Sylvie disait vrai, elle était un cœur dur… Elle écrivit sur-le-champ, pour se faire retourner les exilées. Mais il fallait que Marc ne le sût point. Pourvu que le paquet ne lui fût pas remis par la poste ! Annette guetta le courrier, qui tarda bien des jours ; et elle eut la chance d’escamoter les lettres, des mains de la concierge, à quelques pas de Marc, qu’elle avait devancé. Elle attendit qu’il fût sorti, pour les lire.

Il y en avait huit. Un trésor !… Dès les premières lignes, les yeux d’Annctte s’embuèrent. Elle voulait tout lire, d’un coup, et elle ne pouvait plus lire. Elle se contraignit d’abord à les mettre en ordre, et à les lire lentement, une à une, à la suite. Mais elle fut incapable de se tenir à sa règle. Elle les dévora. D’une traite, au hasard, elle courut, sautant des lignes, s’arrêtant, revenant avidement aux paroles de tendresse. Après, quand