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d’être de nouveau déçu, en parlant le premier. Marc évitait de questionner sa mère sur son voyage là-bas et son brusque retour. Et si elle retombait, parfois à son insu, dans une de ses rêveries, il détournait les yeux, comme par une pudeur craintive de lire en elle ; ou même il se retirait dans la chambre à côté, afin de ne point la gêner. Mais quand Annette interrogeait son fils sur ce qu’il avait fait pendant son absence, il était peiné par des questions auxquelles il avait répondu par avance dans ses lettres. Pour les avoir si mal lues, l’aimait-elle donc si peu ?

Elle eût ignoré toujours l’existence de ces lettres, sans un mot de Sylvie, qui la lui révéla. Sylvie venait s’informer « du petit ménage », comme elle disait ; elle s’était juré de ne pas intervenir dans la découverte mutuelle des deux cœurs qui se méconnaissaient, afin de leur en laisser la peine et la joie tout entières ; mais elle trouvait qu’ils étaient bien lents. Elle leur tendit la perche. Elle les traita d’amoureux. Marc était absent. Annette protesta :

— Je ne dis point toi, cœur dur ! (fit en riant Sylvie). Tu te plais à faire souffrir, c’est ton rôle.

— Ah ! tu peux en parler ! dit Annette.