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était assez grand pour le lui dire au nez. — Après, il se repentit d’avoir ainsi parlé, devant sa mère ; et il se retira, honteux. Lorsqu’il fut sorti, Sylvie, fièrement, dit à Annette :

— Quelle mauvaise tête ! Hein ! comme il nous ressemble !

Annette se demandait :

— Est-ce qu’il me ressemble ?

Elle tâcha de se remettre aux occupations domestiques ; mais la courbature morale ne s’effaça pas, de longtemps. Elle était vite épuisée. Marc s’arrangeait de façon à lui diminuer l’effort. Il n’avait point l’air de voir, mais il se trouvait toujours là pour lui éviter une fatigue, pour déplacer un meuble, ou monter sur une échelle, afin de poser un rideau. Ces prévenances étaient nouvelles, — pour lui, autant que pour elle ; — comme tous les gens très sincères, il craignait qu’on n’y vît un excès de zèle, entaché d’hypocrisie familiale ; alors, il avait soin de s’en acquitter avec détachement. Annette, touchée, déroutée, terminait son merci plus froid qu’elle ne l’avait commencé. Ils se tenaient tous deux dans l’expectative, attentifs, affectueux, parlant peu, s’observant de côté… L’autre allait-il parler ?… Chacun avait peur