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la lueur électrique. Vers dix heures, elle ressortit. La bise de glace dans les allées s’engouffrait comme un chariot. Les lumières du ciel semblaient vaciller sous son souffle ; et Annette pensait que ces flambeaux allaient s’éteindre.

La demie de onze heures sonnait, quand il apparut, — sa démarche incertaine et ses pas précipités, son air de grand enfant égaré, qui mord sa lèvre pour ne pas pleurer. Il passait devant elle sans la voir. Quand elle l’appela, il cria de joie. Elle le fit taire, du geste ; elle était radieuse. Il avait ramassé toute la boue des chemins. Dans un coin de l’allée, elle le brossa avec la main ; il fallait que son aspect n’attirât point l’attention. Il la laissait faire, sans s’excuser, tout au bonheur de n’être plus seul, de se raconter. Elle lui disait d’attendre qu’ils fussent rentrés, pour parler. Le froid de la nuit et du jour l’avaient enrhumée ; mais dans sa joie, elle n’y pensait pas. Un flot de voyageurs dévalait de la gare. L’entrée de Franz à l’hôtel ne fut pas remarquée. Annette l’inscrivit sur le registre comme son frère.

Leurs chambres communiquaient. Annette fit manger Franz. Il dévorait, parlant, parlant, ne se lassant pas de raconter tous les détails de l’éva-