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sa tête sur le dossier. Très lasse, elle tendit l’oreille, aux bruits de la rue et de la maison. Elle s’assoupit… Dans un nuage, elle perçut un pas qui montait, en courant, l’escalier. Marc entrait. Il eut un cri de joie. Annette, encore engourdie, sourit, pensant :

— Mais il m’aime donc ?

Elle fit effort pour se lever. Ses jambes refusèrent d’obéir. Elle tendit les bras. Il s’y jeta.

— Ah ! comme je t’ai attendue ! Comment es-tu venue ?

Elle ne répondit pas ; elle lui caressait les joues et les cheveux. D’un coup d’œil, il vit la fatigue et la peine sur le visage épuisé ; et un instinct l’avertit. Il arrêta les questions, les paroles qu’il avait sur les lèvres. Dans son embrassement, il l’avait soulevée de son siège… (Comme il était devenu fort, maintenant !… Mais elle, comme elle était faible !…) Elle se remit sur ses pieds ; et, soutenue par lui, ils firent ensemble quelques pas vers la fenêtre. Le soir jaune décolorait ses traits. Il dit :

— Il faut tout de suite te coucher…

Elle protesta ; mais la tête lui tournait ; et elle se laissa mener, porter presque, vers le lit ; il la