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lui, désormais ?… Il y pensa tant, il pensa tant à elle qu’il ne pensa plus à lui. Il eût voulu seulement lui aplanir, quel qu’il fût, le chemin…

Ce fut dans cet état d’esprit que le télégramme tomba. Telle une de ces explosions qui ponctuaient les jours de la ville assiégée. Il le relut plusieurs fois, afin de s’en convaincre. Ce retour, qu’il n’espérait plus, lui causait une joie craintive. Qu’est-ce qui la ramenait ? Il se gardait bien de penser que ce fût à cause de lui. Les dernières déceptions l’avaient rendu modeste. Un sentiment superstitieux lui soufflait la croyance que le meilleur moyen d’obtenir ce qu’on désire est de ne plus l’attendre.

Annette ne trouva point son fils, à l’arrivée. Le train avait huit heures de retard ; il n’entra en gare de Lyon qu’au milieu de l’après-midi. Marc était venu, était reparti, découragé, après une longue attente. Mais il ne tenait pas en place. Quand Annette arriva enfin à la maison, il venait d’en ressortir, pour courir de nouveau à la gare. Elle monta à son appartement, et elle l’y attendit. Elle fut touchée de voir qu’il avait mis des fleurs dans sa chambre. Elle s’assit, et appuya