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La grande ville étendue aux deux lèvres du Léman, claire et froide, était, dans le soleil, balayée par la bise.

Annette entra dans le premier hôtel, au sortir de la gare, et elle retint deux chambres, pour la nuit. Elle était harassée, mais elle n’eut pas la raison de se reposer. L’agitation de son esprit ne le lui permettait pas, jusqu’à ce qu’elle sût que Franz était sauvé. Bien qu’il ne pût arriver avant le soir, elle passa l’après-midi à le guetter, d’un jardin près de la gare qu’elle lui avait désigné. Affaissée sur un banc, ne pouvant rester assise, et faisant les cent pas, les jambes rompues, transie par les coups de bise, elle ne s’écartait de son poste que pour ne pas se faire remarquer, et rôdait aux alentours. La journée passa, la nuit tomba, elle rentra. De la fenêtre de sa chambre, elle apercevait l’angle du jardin public, la porte. Le regard tendu, elle tâtait l’ombre de chaque passant, sous