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Je n’ai pas pu… Un jour, peut-être, un autre, meilleur, plus fort, pourra…

Vaincue, et acceptant, — sous réserve des révoltes à venir, — elle se décida à rentrer à Paris.

Dans son compartiment de wagon, elle était seule avec deux hommes, deux Français : — un jeune lieutenant blessé à la face, bandeau noir sur les yeux, la tête enveloppée ; — un infirmier l’accompagnait. Ce dernier, un rustaud robuste, indifférent, blasé sur les souffrances : (il en avait tant vu !). Quand il eut casé rudement son malade dans un coin, il ne s’en occupa plus. Il commença par mastiquer quelques tranches de jambon, il but à la bouteille, puis, enlevant ses godillots, il s’étendit tout de son long sur la banquette d’en face, et ronfla. Le blessé était assis du même côté qu’Annette. Elle le vit tâtonner, se lever péniblement, chercher dans le filet au-dessus de sa tête, ne pas trouver, se rasseoir, soupirer. Elle demanda :

— Vous cherchez quelque chose ? Est-ce que je puis vous aider ?

Il remercia. Il voulait un cachet pour calmer des élancements au front. Elle le lui fit prendre