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quelles la bataille avec l’âme, chaque nuit, se poursuit !

Enfin, elle vint à bout de son compte. Elle était en faillite. Elle déposa son bilan. — Contre cette humanité en haine, qui se déchire et aboie à la mort, elle avait voulu dresser son âme de femme libre et seule, qui se refuse à la haine, qui se refuse à la mort, qui sanctifie la vie, et qui, sans vouloir faire un choix entre les frères ennemis, ouvre ses bras de mère à tous ses enfants… C’était un grand orgueil. Elle s’était surestimée. Elle n’était pas libre. Elle n’avait pas la force d’être seule. Elle n’était pas la mère qui s’oublie pour ses enfants. Elle oubliait l’enfant, le sien, celui de son sang. Elle était l’éternelle esclave, sournoise, qui se cache, et qui suit avidement, comme une chienne, le désir. Le beau désintéressement ! Tout son idéalisme était l’appât, dont la nature s’était servie pour la faire rentrer, sous le fouet, dans le chenil. Elle n’était pas de taille à s’émanciper du valet de chiens…

— Eh bien, soit ! Il me faut apprendre maintenant l’humilité… J’ai voulu… Je n’ai pas pu… C’est pourtant quelque chose, déjà, d’avoir voulu !…