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qu’une enfant désarmée. Il n’était plus question entre elles de se défier. Erika leva des yeux humbles, reconnaissants, heureux. Et Annette, en son cœur, lui dit :

— Sois heureuse !

Chacune lisait en l’autre. Et elles ne sentaient plus la honte d’avoir été devinées, car elles avaient toutes deux à se faire pardonner.

Alors Annette demanda :

— Quand vous marierez-vous ? Il ne faut pas trop tarder.

Et elle lui parla de Franz ; avec une affection lucide, elle le lui dépeignit ; elle l’avertit des dangers. Erika ne les ignorait point ; elle avait, elle aussi, les prunelles précises. Elles causèrent sans feinte ; et elles se tenaient les mains. Erika ne cachait pas ce qu’elle voyait en Franz, et ce qu’elle redoutait ; mais elle manifestait une détermination de fer à prendre et à garder cette âme séduisante et fuyante, qu’elle voulait. Elle acceptait d’avance tous les combats secrets, les veilles, les jours inquiets, dont ce bonheur conquis, toujours à reconquérir, et jamais enchaîné, devrait être payé.

Annette serrait la main nerveuse de celle qui