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Elle pesait sans indulgence Erika et Franz. Elle avait beau se faire (pensait-elle) un cœur désintéressé, qui ne tenait plus compte que des chances de bonheur des deux autres… Il y a bien des interstices par où l’intérêt refoulé se fait jour. Elle ne trouvait point belle Mlle de Wintergrün. Elle ne la croyait pas bonne. Sur son état de santé, elle portait un diagnostic aigu, d’un pessimisme cru. Elle l’examinait dévêtue. Ce n’était point la femme qu’elle eût voulue pour Franz… (qu’elle eût voulue ? Quelle ironie !…) Pour se venger, elle ne fut pas plus tendre pour lui. Elle le passa au crible. Que de déchets ! Elle n’avait aucune confiance en son caractère. Elle évaluait, sévère, la durée de ses sentiments. Elle faisait à l’avenir d’une telle union un crédit limité… Mais était-ce bien la raison seulement qui parlait ?…

La journée s’écoulait. Annette resta enfermée, toute la matinée. Elle n’avait rien conclu. Elle s’en remit à l’heure qui viendrait. Assez pensé !… Elle fit le vide. Silence…

Vers le milieu de l’après-midi, elle se leva, et sortit. Résolument, ses pas la portèrent chez Mlle de Wintergrün.