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avantages. Et, en les marquant trop, elle les compromit.

Elle parlait à Franz, avec une familiarité exagérée. Annette eut un léger froncement de sourcil. Il ne fut point perdu pour Erika de Wintergrün. Elle inscrivit un point. Elle en voulut marquer deux. Au lever de table, elle commit la faute présomptueuse d’enlever Franz, incertain et distrait, à Mme Rivière, qu’il regardait comme s’il la découvrait. L’emmenant dans le petit salon contigu, elle l’accapara. Mme de Wintergrün tâchait d’occuper l’attention d’Annette, qui suivait du regard Erika. Penchée vers l’oreille de Franz, avec un rire forcé, la jeune fille feignait de lui confier des secrets malicieux ; et sur Annette glissaient les lueurs de la prunelle de côté. Mme de Wintergriin susurrait :

— Ces chers enfants ! Ils ne peuvent plus se quitter…

Et, semblant questionner Mme Rivière sur Franz, elle se montrait informée avec exactitude de sa situation de fortune et de sa parenté.

Annette, parfaitement calme dans chacun de ses mouvements, brûlante de colère au fond, étrangement lucide pour tout ce qui l’entourait, aveugle