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aussitôt retomba : Franz n’était pas seul ; Mlle  de Wintergrün l’accompagnait. Franz, pressant un peu le pas, baisa la main d’Annette, et s’excusa courtoisement de s’être mis en retard. Annette le plaisanta, s’embrouilla dans les mots ; un regard la surveillait. Elle se tourna vers Mlle  de Wintergriin. Droite et fière, la jeune fille attendait. Les yeux d’Annette rencontrèrent les yeux bleu-dur, qui guettaient son embarras. Les deux femmes échangèrent, avec un froid sourire, quelques paroles charmantes. On se remit en route, tous les trois. On était aimable. On causait… Et Annette ne sut jamais de quoi l’on avait parlé. Arrivés au chalet, on laissa Annette seule, sous le juste prétexte qu’elle devait se reposer ; et Franz, toujours courtois, reconduisit la jeune fille. On se retrouverait le soir, chez Mme  de Wintergrün, qui invitait Annette à souper.

Annette resta, dans sa chambre, debout, devant son miroir. Son chapeau sur la tête, en manteau de voyage. Elle se regardait sans se voir. Elle pensait… Non, elle ne pensait pas !… Elle eut un petit rire nerveux, et se secoua de son état d’hypnotisme, mais pour y retomber : car elle ne s’arracha au miroir que pour se figer, devant la fenêtre,