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de prier pour la paix… Fort bien ! Nous allons l’expliquer… Votre volonté soit faite, — pourvu qu’elle soit la nôtre !… La paix, la paix, mes frères… »

— « La paix, c’est la victoire », répète docilement, après le cardinal-archevêque, la voûte de Notre-Dame.

Et les lambris dorés de la Madeleine :

— « La paix, Seigneur, la vraie, la vôtre — c’est-à-dire la nôtre — mais non pas l’autre, celle de l’ennemi que nous voulons tuer !… »

Il ne s’agit que de « définir !… »

À ce compte, les consciences chrétiennes se rassurent. La famille Bernardin se déclare bien satisfaite du pape et de ses bergers. Chez le vieux magistrat se mêle curieusement à l’édification la joie malicieuse d’avoir interprété, au rebours du vrai sens, un texte de la loi. Le front baissé devant l’autel, les yeux dévots, obstinés, un rire furtif vient de passer dans sa barbe rude…

— « C’a été du beau travail… Fiat volontas tua !… Saint-Père, vous êtes joué… »

Et le père Sertillanges faisait pleurer d’extase les pauvres femmes qui voyaient le Christ « poilu », avec leurs fils, dans la tranchée de Gethsemani. Par une épouvantable transfiguration, le champ de carnage apparaissait aux yeux rougis, aux cœurs affolés, comme l’autel où, dans le calice de boue