Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée

répondait avec réserve un mot poli, et s’éloignait ; elle entendait ne rien partager du mien, du tien :

— « Je vais mon chemin, allez le vôtre !… »

Elle était comme une étrangère. — On pardonne tout, plutôt que le refus de manger au même plat. La jeune femme fut cernée par la malveillance des pensées. Elle ne s’en soucia. Et l’on avait trop à faire que de surveiller ses pas. Un seul guettait ses rentrées dans la nuit ; et son imagination travaillait : — Marc. Lui toujours… Il est bien entouré ! À droite, à gauche de son lit, ces vierges folles. Leur corps qui brûle… Un vent de luxure souffle sur Paris. La luxure est sœur de la haine.

La haine peut être chaste, aussi. Elle était associée, chez la famille Bernardin, à l’Homme de Douleur. La « Prière pour la Paix », que le Saint-Père adressait à la chrétienté, était chambrée par l’État et par le clergé. Les deux compères étaient d’accord : il y avait urgence à tamiser la voix du Très-Haut. Les fidèles étaient en révolte. Le sang gallican bouillait dans les veines. Bernardin père, pieux, mais fougueux, fulminait contre le pape étranger. Heureusement, on avait en France de saints hommes pour camoufler le Verbe…

— « Saint-Père, Votre Sainteté nous enjoint