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D’un appartement à l’autre, avant cette heure, les relations étaient nulles. Tout au plus savait-on les noms de ses voisins immédiats. Les premières semaines de guerre rapprochèrent les distances. Ces petites provinces, entr’ouvrant leurs barrières d’octroi, s’allièrent en la nation commune. Leurs espoirs et leurs craintes se trouvaient, pour une fois, confondus. On ne passait plus sans se voir, quand on se frôlait dans l’escalier. On apprenait à se regarder en face, et on se découvrait. Quelques mots s’échangèrent. L’individualisme ombrageux n’opposait plus sa réserve d’amour-propre aux questions soucieuses ; on partageait ses nouvelles de ceux qui étaient partis, et de la grande parente menacée, la patrie. Aux heures d’attente du courrier, un petit groupe se formait, au bas de l’escalier ; les inquiétudes isolées se réchauffaient dans la confiance mutuelle. L’esprit complaisant, qui sait aussi bien se créer qu’oublier