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La question du départ l’empêcha de songer plus longtemps à Marc. Il lui fallait faire timbrer deux billets, à l’entrée du quai d’embarquement. Mais les employés filtraient, un par un, les entrants. Il y avait neuf chances sur dix qu’on ne voulût pointer qu’un seul billet. Pour la troisième fois, la chance fut pour elle. Une famille venait de passer. Père, mère, trois enfants, l’un sur le bras du père, l’autre à la main de la mère. Le troisième, une fillette de douze ans, restait un peu en arrière. Annette la prit par la main, en souriant, et tendit les deux billets à l’employé, qui, distrait, ne remarqua point l’échange. Elle avait passé, disant des mots affectueux à l’enfant, qu’elle remit aux parents.

On s’entassa dans les wagons. Les compartiments étaient déjà pleins. Annette resta debout dans le couloir. Après un très long temps, le train partit dans la nuit, toutes lumières éteintes, de peur des avions ennemis, dont on signalait l’incur-