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rapide l’avait déjà saisie par le bras ; et, devant elle, c’était Marc qui disait :

— Maman !… C’est toi !…

Elle resta muette de saisissement… La dernière rencontre qu’elle eût prévue !… Il la regardait, heureux et curieux. Et, sous le parapluie d’Annette, il l’embrassa. Leurs lèvres et leurs joues étaient mouillées de pluie. Elle reprit, avec peine, la possession de soi. Il demandait :

— Tu es donc de retour ? Tu viens à la maison ?

Elle répondit :

— Non. Je ne suis qu’en passant.

Marc s’étonna :

— Comment ?… Mais tu restes, cette nuit ?

— Non, je repars, ce soir.

Il ne comprenait plus :

— Quoi ?… Ce soir, tu repars ?… Pour où, pour quoi, pour quand, pour combien de temps ?… Depuis quand es-tu ici ?… Et tu viens en passant ? Et tu ne m’as même pas averti !

Elle s’était ressaisie :

— Pardonne-moi, mon petit ! Mais je ne l’ai su moi-même qu’au dernier moment.

Il reprenait ses questions, avec une insistance irritée.

— Je t’expliquerai plus tard. Ici, on ne peut pas, dans la rue, sous la pluie.