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années de guerre est éventée, l’accoutumance se fait, en certaines régions, avec les prisonniers ; ils sont en train de s’intégrer dans l’ensemble de la vie normale de la province ; un ordre tacite s’établit, et la surveillance se relâche. — Franz en recueille les avantages. Ce sont, aux yeux de Germain, les premiers jalons sur la voie de la libération.

Pressé par le médecin, par les siens, par Annette, il consent à quitter le pays. Annette lui a fait entendre qu’il ne devait plus tarder à s’installer en Suisse, afin d’y accueillir le fugitif, après l’évasion. Germain se méfie :

— Annette, ne me trompez pas ! Plutôt, laissez-moi mourir ici. Ce serait lâche d’abuser de la confiance d’un mourant, pour l’éloigner, en le berçant de promesses qu’on ne doit pas tenir.

Annette répond :

— Personne ne peut promettre de réussir. Mais je m’engage à risquer tout, pour vous. Me croyez-vous ?

Il croit.

À la veille du départ, il se rend compte qu’elle va se perdre pour lui. Il est sur le point de lui dire :

— Annette, je vous tiens quitte… Je renonce…