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pas assez généreux, pour trancher en faveur du peuple — fût-ce à ses dépens. Il aurait besoin, pour préférer, de comprendre. Et ce n’est pas Pitan et ses compagnons qui l’y aideront ! Pitan, naturellement, s’est engagé à fond sur le nouveau radeau, mais pour des raisons si fumeuses qu’elles écartent le petit Rivière, au lieu de l’attirer : — le mysticisme de la catastrophe et de la destruction, le pessimisme jubilant, l’ivresse du sacrifice…

— Va te promener ! Se sacrifie sans comprendre, qui n’a rien à perdre ! J’ai une valeur immense à sauver : mon moi, mon intelligence, mon avenir, mon butin… Quand j’aurai pris tout ce qui est à moi, quand j’aurai bien tout vu et tout vécu, alors !… Alors, se sacrifier dans la lumière… Oui, peut-être… Mais, dans la nuit, sous le bandeau ?… Merci, mon vieux ! Le sacrifice des taupes n’est pas mon affaire. Offre-moi un autre lumignon que « le règne du prolétariat » !…

Annette a-t-elle une autre lumière ? Marc essaie, en vain, de la démasquer. Afin de la provoquer, il professe, devant sa mère, quelques énormités… Elle ne semble pas entendre ; et le pavé tombe dans le vide. Il ne reste à Marc que la honte d’avoir parlé. Cette femme ne pense donc rien ?… Penser était à Marc une poussée d’urticaire, une irritation de peau. On ne la soulage