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Très vite, Annette se rendit compte de l’incapacité de Franz à combiner un plan d’action pratique et à l’exécuter. Non qu’il manquât d’audace : il était prêt à tout risquer ; il fallait plutôt prendre garde qu’il ne courût, d’emblée, au parti le plus fou et le plus désespéré. Aux premiers mots qu’Annette avança d’un projet d’évasion, il prit feu avec une telle extravagance qu’Annette coupa court et garda pour elle ce qu’elle avait imaginé : l’irréflexion de Franz et sa témérité eussent tout détruit. Il fallait tout préparer sans lui, et ne lui livrer l’affaire qu’à l’heure où l’on pourrait agir. Encore était-ce douteux qu’il fût en mesure d’agir seul. Il fallait le guider, pas à pas, par la main. Les chances déjà faibles devenaient presque nulles. — Et cependant, Annette ne renonçait point. Elle était captive de la promesse qu’elle avait faite, elle était prise dans cette étrange passion d’amitié qui la battait de son double courant, comme un îlot, à un confluent.