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flottait indécise dans l’attente perpétuelle de la joie ou de la peine. Un enfant. Elle le comparait à l’image que Germain lui en avait évoquée ; et elle s’étonnait qu’il eût inspiré un tel attachement…

L’impatiente pression des mains qui la liaient rappela Annette à la réponse qu’il attendait. Elle parla de l’ami lointain, à tout instant interrompue par les questions, arrêtée dans son récit de la maladie par l’anxiété causée, et cherchant à l’atténuer, dérivant du souci de celui qui était absent vers le souci de celui qui était présent et qu’il fallait ménager…

Le clairon du camp sonna ; et tous deux se souvinrent qu’il avait, une fois déjà, sonné. Ils durent se séparer. Ce ne fut pas sans peine qu’Annette obligea Franz à rentrer, lui promettant pour demain un long entretien. Au moment de se quitter, et dégageant ses mains, Franz s’aperçut de celles d’Annette, qu’elles n’avaient point lâchées. Et il les regarda. Il regarda les siennes. Il dit :

— Ces mains l’ont touché…

Et, la face contre les paumes, il aspira ses mains.