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Franz avait peu à souffrir de la captivité. Le camp où il se trouvait jouissait d’une certaine liberté. Beaucoup des prisonniers travaillaient en ville et n’étaient guère astreints qu’à la ponctualité pour les appels du matin et du soir. La surveillance était molle : on les jugeait inoffensifs et, si loin des frontières, incapables de les rejoindre, s’il leur prenait fantaisie de décamper. En fait, ils n’y songeaient point. La plupart de ces bonnes gens, installés en France, avant l’année 74, souffraient d’être séparés de leurs parents d’Allemagne, mais ils n’avaient aucun désir d’être rendus à leurs risques et à leurs combats. En ceci, les petits bourgeois du pays — ce gras pays de l’Ouest endormi — les comprenaient parfaitement. Et ils ne se cachaient point pour le leur dire.

Franz était occupé à des travaux de peinture. La femme du commandant l’avait mis à contribution Il repassait au blanc les trumeaux de portes de son salon, et rafraîchissait le rose éteint