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teuse. Après un si long temps que nous sommes séparés, j’aurais honte que ma première visite fût pour vous demander aide. Mais ce n’est pas pour moi.

— Alors, c’est sans excuses.

— Soit ! répliqua-t-elle. Quand il s’agit d’un autre à qui je m’intéresse, j’ai toute honte bue.

— Un autre qui vous intéresse, c’est encore vous.

— Peut-être. On ne sait pas où moi commence, où moi finit.

— Le communisme du moi ! Eh bien donc, ce qui est à vous est à moi. Partageons ! Contez-moi votre histoire.

Annette lui parla du jeune prisonnier. Marcel le connaissait de nom. Il avait même vu de lui, dans quelque exposition, deux ou trois petits « machins », qui ne lui avaient pas laissé grand souvenir. Mais un peintre, quel qu’il fût, était de son rayon. Il ne fut pas fâché de faire montre à Annette, en même temps que de son crédit, de sa largeur d’esprit. Il obtint pour elle le permis de visiter Franz, au camp de prisonniers.

Annette profita de ses congés de Pâques, pour cette petite expédition. Au lieu de les passer avec son fils, comme il s’y attendait, elle se rendit à Angers. Il s’agissait, d’abord de reconnaître la situation, et, avant tout, de connaître Franz :