Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

il me sait perdu, il m’expédie crever au loin. Il se débarrasse… Mais je dis : « Non ! » Je mourrai ici !

Annette s’efforçait de le convaincre. Mais il répétait :

— Non !

Et il serra les dents, refusant de parler, enfoncé dans sa résistance entêtée.

Annette, penchée sur le lit, dit, avec un sourire triste :

— C’est à cause de lui ?

— Oui. Si je sortais de France, je serais encore plus loin de lui.

Annette dit :

— Qui sait ?

— Quoi ?

Annette se pencha davantage :

— Si c’était, au contraire, un moyen d’être plus près de lui ?

Il lui saisit les poignets, et la maintint courbée :

— Que dites-vous ?

Elle voulut se dégager ; mais il ne lâchait pas prise. Ils étaient souffle contre souffle.

— Il faut aller en Suisse. Mon ami, acceptez !

— Parlez ! Expliquez-vous !

— Vous me faites mal. Laissez-moi me relever !

— Non. Expliquez, d’abord !