Il la repoussa, colère, et lui tourna le dos. Elle sortit.
Mais lorsqu’après une nuit de fiévreux débat, elle revint, le lendemain, elle trouva le malade, immobile, qui lui dit, d’une voix morne et calme — (un calme plus oppressant que la fureur d’hier !)
— Je vous demande pardon. J’étais fou. Je parlais de justice, de mon droit. Il n’y a pas de justice, et je n’ai aucun droit. Malheur à ceux qui tombent ! Ils n’ont qu’à s’enfoncer la face dans la terre et à s’en emplir la bouche, pour étouffer leurs cris. Le ver se contorsionne sous le pied qui l’écrase. Sottise ! Je me tais, et ne résiste plus.
Annette, lui posant la main sur le front en sueur, dit :
— Non ! Il faut résister. Rien n’est encore perdu. Je viens de rencontrer votre médecin. Il conseille à votre mère de vous faire transporter dans un sanatorium de Suisse. Ici, l’air est trop mou, tiède, humide, anémiant ; et l’atmosphère morale n’est pas moins déprimante : on y est, quoi qu’on fasse, infecté par la guerre. Là-bas, dans le souffle des montagnes et l’oubli qui fleurit sur les cimes, vous vous rétablirez, sans doute. Il me l’a dit.
— Mensonge !… Oui. il me l’a dit aussi. Comme