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soif. Il était asséché, brûlant comme un désert. Chaque jour, il accueillait Annette, d’un regard exigeant et furieux. Il lui en voulait de tromper son attente. Cette excitation morale ralluma la maladie ; et celle-ci redoubla l’excitation à son tour. Après une période d’immobilité apparente, où l’intoxication paraissait enrayée, elle reprit, avec une vigueur accrue, s’attaquant aux organes intérieurs. Quelques journées d’un répit trompeur étaient suivies d’une brutale recrudescence ; et l’on ne savait jamais de quel côté la destruction allait se porter, car elle affectait toutes les formes. Quand on croyait l’avoir repoussée sur un point, elle surgissait d’un autre. L’incendie ronge au cœur de la maison. On éteint du dehors les flammes, quand elles sortent. Mais on n’atteint au foyer qu’après la maison ruinée. — Pour tous, il fut visible qu’on n’en viendrait plus à bout.

Germain le savait mieux que personne. Il s’épuisait en luttes secrètes contre l’ennemi caché, et il se sentait vaincu. À ce combat inutile, son caractère s’altéra. Le malade, tassé sur soi, dans une attitude perpétuelle de défense, n’a plus égards aux autres ; son égoïsme est son recours. Il ne pense plus qu’à lui, à son mal, à son désir. Dans ces nuits où Germain, sur son bûcher, assistait, impuissant, à la montée du feu, il était pris d’une