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privilégié qui va contre le droit. Elle était sœur. Elle voyait la mort sur les traits de Germain. Et elle se taisait devant Celle qui venait. Il lui était impossible d’ignorer qu’on lui cachait quelque chose. Mais elle s’arrangeait de façon à ce que ce lui fût caché. Elle prenait garde, avant d’entrer dans la chambre du malade, de s’annoncer en parlant fort, pour qu’on eût le temps de ne rien laisser voir de ce qui ne devait point être vu.

Son ressentiment se retournait contre Annette, dont les visites devenaient plus fréquentes. Elle ne le trahissait que par une froideur glaciale, sans s’écarter jamais de la stricte politesse. C’était assez entre deux femmes aussi averties de ce que ne point parler veut dire. On tenait Annette responsable de l’aventure, où elle n’était qu’un instrument. Elle acceptait sans sourciller. Elle ne venait dans la maison que pour Germain. Le reste lui était indifférent.

Mais ce qui ne le lui fut point, ce fut de constater son impuissance à aider les deux amis.

Les lettres du prisonnier, brusquement, s’arrêtèrent. Une épidémie dans le camp, des raisons de représailles, firent bloquer toute la correspondance, pendant plusieurs semaines. Ce silence inquiétant enfiévrait le malade. D’avoir perdu la source, après l’avoir retrouvée, exaspérait la