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— Ce tendre oiseau, au cou ployé, qui de ses yeux un peu clignés, ses doux yeux myopes, couve l’Enfant, en caressant son petit pied ? C’est son front rond, le nez délicat, le menton long, le fin sourire du jeune regard et des lèvres amenuisées. Mais la tristesse a tendu son voile autour d’elle. Où est l’Enfant ? Elle le cherche. Elle l’attend. Il est aux cieux. Tout son amour y est parti. Qu’en reste-t-il pour nous, ici-bas ? Elle est patiente, elle ne se plaint pas, elle fait son devoir ici-bas. Mais, sans le vouloir — (car elle ne voudrait pas nous attrister) — elle montre trop qu’ici, bas pour elle est un passage. Et nous lui sommes des passants.

— Qu’importe ! si à ceux qui passent elle offre l’aumône de son sourire ?

— Elle l’offre. J’en sais le prix. Mais ne vous y trompez pas ! Annette, ce sourire veut dire : « Acceptez ! »

— C’est la sagesse.

— Ce n’est pas la vôtre.

— Je ne suis pas sage.

— Il dit : « Acceptez tout : — le sort, la mort, l’éloignement de ceux qui vous aiment ! » Elle est sans haine, mais elle croit que la guerre, puisqu’elle est, elle est de Dieu ; et elle l’honore. Elle ne permettrait pas — (vous l’avez vu) — qu’on la déshonore par la cruauté, la déloyauté, l’abus de