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Après une vie active, où peu de place au cœur fut accordée, une lassitude morale dispose au quiétisme, qui fuit ce qui peut troubler. Le cœur n’a point perdu sa tendresse profonde ; mais elle est submergée par un immense besoin de repos. Et elle serre la main de son grand fils malade, autant parce qu’elle sait ce qu’il pense, qu’afin de le prier de ne point lui en parler.

Annette est la première à qui Germain puisse confier l’affection, l’inquiétude, qui l’occupent bien plus que le sort des batailles. Et comme Annette s’étonne :

— Mais Mme de Mareuil ?

(Elle se sent attirée vers la jeune femme, qui se tient à l’écart, et vers son sourire triste) Germain fait un faible mouvement des mains, découragé :

— À elle, moins qu’à tout autre.

Elle est bonne. Elle est pure. Il l’aime, la jeune belle-sœur. Une chaste affection les lie, qu’ils n’ont pas besoin d’exprimer. Mais entre eux, tout un monde…

Il dit :

— Regardez-la bien !

— Je la regarde, dit Annette. Elle ressemble à la bonne Dame du Marthuret.

Germain sourit :